L’épargne record des Français

Publié le par Hélène

L’INSEE (l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) vient de publier, mercredi 28 mars 2012, ses chiffres concernant le taux d’épargne des Français. Il s’avère que les ménages n’ont jamais autant épargné depuis une trentaine d’années. En effet, le taux d'épargne des ménages français a atteint 16,8% de leur revenu disponible (revenu auquel on ajoute les prestations sociales et duquel on déduit les prélèvements obligatoires), en 2011. C’est un record, l’épargne n’avait pas été aussi importante depuis 1983.

 

Traditionnellement, l’épargne des Français est élevée. Nous sommes parmi les plus précautionneux d’Europe. Selon Eurostat, seuls les Belges, les Allemands et les Slovènes épargnent davantage que les Français.

 

Dans les faits, le taux d'épargne des ménages français avait légèrement diminué en fin d'année, de 17 % à 16,8 %, notammentà cause d’une baisse du pouvoir d’achat, mais sur l'ensemble de 2011, il a progressé de 0,7 point par rapport à 2010.

 

Ce « boom » de l’épargne des ménages peut être le signe qu’ils n’ont pas confiance en l’avenir. Ils épargnent afin de faire face à une situation économique dégradée ainsi qu’à un niveau grandissant du chômage. C’est en quelque sorte une précaution pour se prémunir contre un avenir plutôt incertain.

 

Parmi les placements favoris des Français, on retrouve les livrets bancaires comme le livret A (2,25 % de rémunération nette en 2011), les assurances-vie (même si les contrats d'assurance-vie ont enregistré un repli ces derniers mois, ils continuent à capter plus de la moitié du stock d'épargne financière des Français).

Mais, en 2011, c’est surtout l’épargne non financière, c’est-à-dire l’immobilier, qui a fait augmenter le taux d’épargne des ménages.

 

Une question importante qui se pose, surtout à l’approche de l’élection présidentielle, est celle de l’orientation de l’épargne vers l’économie productive. Selon certains analystes, la fiscalité joue un grand rôle. Pour beaucoup, la prise de risque et le financement des entreprises sont désincités au profit de placements plus sûrs.

De plus, des banquiers et assureurs, rassemblés autour d’une table ronde consacrée au rôle de l'épargne, et qui redoutent des changements dans la fiscalité des assurances-vie à la suite des élections présidentielles, demandent à ce que « le rôle de premier plan de ces contrats qui financent la reprise de l’économie et dont les Etats européens ont besoin pour financer leur dette » ne soit pas menacé.

Il faut donc maintenir une certaine stabilité de la fiscalité : « Si nous voulons favoriser l'épargne longue, il faut de la stabilité », a déclaréPhilippe Wahl,  le président du directoire de la Banque postale.

Pour les assureurs et banquiers, les épargnants ont besoin de visibilité sur le long terme pour réaliser des placements.

Cette demande d’une stabilité de la fiscalité concerne aussi l'épargne en action, qui est plus risquée. Ainsi, le président de la Commission des Finances du Sénat,Philippe Marini, regrette que cette forme d'épargne "essentielle au développement des entreprises" soit "l'une des plus taxées".

 

Le taux d’épargne des ménages français n’a jamais été aussi élevé depuis 1983, cependant, il faut faire attention aux idées reçues.

 

D’abord, il faut éviter les confusions lorsque l’INSEE publie ses chiffres concernant l’épargne. En effet, l’INSEE calcule la part du revenu des ménages non consommé, et non l'épargne détenue en banque par les Français. Ainsi, pour Cyril Blesson, associé chez PAIR Conseil, « On peut donc avoir en même temps un taux d'épargne élevé et un marché des placements en berne ». Il s’avère que la France est dans cette situation : les nouveaux placements financiers ne seraient que 105 milliards d'euros en 2011 contre 132,7 milliards en 2010. De plus, selon Philippe Crevel, économiste et secrétaire général du Cercle des Epargnants, « plus de la moitié du taux d'épargne en France correspond en effet à des remboursements d'emprunts immobiliers. L'épargne financière, elle, ne représente que 7,4% du revenu des Français. ».

 

Ensuite, certes, la crise peut expliquer en partie la hausse de l’épargne mais ce n’est pas le seul facteur explicatif. Le recours au crédit peut également l’expliquer. Comme le fait remarquerCyril Blesson, c'est aussi parce que le crédit y est relativement peu développé.

Comparativement, le recours au crédit est historiquement plus élevé dans les pays anglo-saxons comme l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Cela entraîne ainsi un taux d’épargne moins important, dans ces pays. Notons que le taux d’épargne était arrivé à 1% en 2005, aux Etats-Unis.

D’autres facteurs, comme le mode de financement de la sécurité sociale ou encore la démographie, ont une influence sur le taux d’épargne.

 

Enfin, pour certains, le taux d’épargne serait trop important car lorsqu’il augmente, cela fait baisser la consommation. Cependant, comme le note Philippe Crevel, la consommation représente à elle seule 80% du PIB.

De plus, il y a des avantages à avoir un taux d’épargne élevé. En effet,  l’épargne des ménages peut servir au financement la dette publique, ce qui a pour conséquence que le pays devient moins dépendant des capitaux internationaux. La crise actuelle en est l’illustration. Ainsi, la Grèce, l’Espagne ou encore le Portugal, qui sont des pays qui rencontrent d’importantes difficultés face à la crise, sont ceux qui possèdent un taux d'épargne faible ainsi qu’un déficit extérieur important : ces pays vivaient donc au-dessus de leurs moyens.

 

 

Sources : L’Expansion, Le Point, Le Monde.

Publié dans Economie Nationale

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<br /> J'y ajouterais (si vous m'y autorisez) une autre source utile en matière d'informantion : le site "la finance pour tous".<br /> <br /> <br /> http://www.lafinancepourtous.com/<br /> <br /> <br /> Bonne continuation !<br />
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