D'une crise à l'autre

Publié le par LIA

     La crise économique et financière que nous connaissons actuellement a fait passer à l'arrière plan la crise énergétique et climatique qui se profile. En effet, depuis 2008, les investissements destinés à prévenir la raréfaction et l'enchérissement  des énergies fossiles qui en découlent sont gelés.  En conséquence, la capacité de nos économies à investir massivement dans les énergies nouvelles et plus efficaces s'en trouve compromise. 

 

    L'Europe est lourdement dépendante en matière énergétique, elle est le premier importateur au monde d'énergie et consomme environ 16% de l'énergie mondiale. Le rôle joué par les hydrocarbures est primordial puisqu'ils contribuent à hauteur de 65% de la consommation énergétique en Europe, et sont importés en presque totalité. Combiné à l'importation de charbon, le taux de dépendance énergétique de l'Europe pourrait avoisiner les 80% d'ici 2030. 

    Ainsi, l'importance pour nos économies de se défaire de cette dépendance énergétique à l'égard des énergies fossiles et des matières premières doit être une priorité.  

 

     En effet, rappelons que le rôle joué par les énergies et matières premières importées n'est pas négligeable dans le déclenchement de la crise. Ainsi, outre les dérives financières que nous connaissons, l'augmentation du prix de l'énergie depuis le milieu des années 2000 a été également déterminant dans le déclenchement de la crise. Par ailleurs, une éventuelle reprise économique se trouvera compliquée face à l'augmentation du prix, et l'épuisement des énergies fossiles. Une augmentation du prix du pétrole induirait une hausse des coûts pour les entreprises, une baisse de la production agricole, une baisse du pouvoir d'achat et les secteurs les plus durement touchés seraient le transport, la grande distribution, et le tourisme.

 

      De plus, il serait faux de penser que la France, grâce à son important parc nucléaire, puisse être à l'abri d'une crise énergétique. Bien que l'énergie nucléaire produise 75% de notre électricité, elle ne contribue qu'à hauteur de 20% à la consommation énergétique nationale.

     Alors, face au défi énergétique futur, une transition semble indispensable et doit être abordée sous toutes ses dimensions : écologique, économique, technique, culturelle et sociale. Il s'agit, par exemple, de développer les énergies à fort rendement, d'éliminer le gaspillage, d'agir sur la consommation dans tous les secteurs.

      Pour réduire la consommation énergétique dans le secteur des transports, il faudrait, par exemple, effectuer un transfert des investissements de la route vers le rail, ainsi qu'une réduction de l'usage de l'automobile privée. On le voit, une révolution énergétique est impossible sans modifications radicales des choix économiques et sans transformations profondes des comportements. 

 

      D'un point de vue économique, l'indépendance énergétique de l'Europe sera donc un enjeu majeur de ces prochaines années. D'un point de vue écologique, l'importance de se débarrasser des énergies fossiles n'est plus à démontrer.

     Or, dans le contexte actuel de crise des finances publiques, où il n'est question que de réduction des dépenses publiques, la révolution énergétique n'est clairement pas la priorité des gouvernements européens. En effet, on peut noter que la plupart des projets d'investissement dans les pétroles non conventionnels ont été gelés, les investissements dans la modernisation et l'augmentation des capacités de raffinages sont reportés, et beaucoup de projets dans les énergies renouvelables comme les agrocarburants sont suspendus. 

 

     Dans un contexte économique fragile, la crise énergétique aura des conséquences dramatiques, des troubles sociaux et géopolitiques ne sont pas à exclure. 

Publié dans Environnement

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